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V.


Punition du traître.


Après avoir ainsi purgé l’église, le noble chevalier dépêcha le baron Aleaume vers le traître Acelin.

— Dis à cet orgueilleux qu’il vienne reconnaître les droits de Louis, son seigneur, et qu’il ne tarde pas ; car on se plaint déjà de lui.

— Irai-je tout seul ? demanda Aleaume.

— Oui, beau neveu, répondit Guillaume ; sans armes, un bâton à la main, comme il sied à un messager. Et s’il te demande combien nous sommes, tu lui répondras : soixante compagnons. Que s’il refuse de comparaître, dis-lui à haute voix, de manière que tous ses hommes puissent l’entendre, qu’avant vêpres il subira tant de honte, qu’il donnerait tout l’or du monde pour ne pas être venu ici.

Le messager monte sur un mulet d’Espagne et se met en marche vers l’hôtel où est logé Acelin. Il le trouve entouré de beaucoup de ses compagnons et lui transmet son message.

— Combien êtes-vous ? demande Acelin.

— Trente chevaliers.

— Eh bien ! dis à Guillaume qu’il vienne me reconnaître comme son seigneur, ainsi que les autres, et me prêter serment de fidélité. Jamais Louis ne vaudra rien, et la France serait perdue avec ce garçon-là pour roi. Le comte Guillaume est merveilleusement brave ; cependant il n’a encore ni terre, ni château. Je lui en donnerai à son choix : il disposera d’une contrée entière et de dix mulets chargés d’or. Je le rendrai plus riche que nul autre homme.

— Vous parlez en pure perte, dit Aleaume ; vraiment, il ne le ferait pas pour tout l’or d’Arragon. Mais je n’ai pas