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— Je ne saurais vous conseiller, monseigneur ; car dans toute la ville il n’y a grenier, souterrain ni voûte qui ne soient occupés par les chevaux ou remplis d’armes, et tous les logements sont pris par les chevaliers.

Mais rendez-vous maître de la cathédrale et faites saisir leurs armes et leurs bagages ; s’il y en a qui veuillent s’y opposer, qu’on les mette à mort.

— Par saint Denis ! vous m’avez donné un bon conseil, et je le suivrai. Mais dorénavant vous ne serez plus ni portier ni guichetier ; vous serez mon premier conseiller.

Et s’adressant à Bertrand :

— Écoutez, sire neveu. Avez-vous jamais entendu portier parler si bien ? Armez-le, qu’il soit chevalier.

Bertrand examina ses mains et ses pieds, et le trouvant de bonne race, il l’arma chevalier en lui donnant haubert et heaume d’acier, épée, lance et cheval.

Quand le comte l’eut ainsi récompensé de son service, il appela Gautier de Toulouse, un gentil chevalier, le fils de sa sœur, et lui dit :

— Tu iras à la porte qui est du côté de Poitiers, et tu prendras avec toi vingt chevaliers. Ne laisse passer homme qui vive, fût-il clerc ou prêtre, tue-le plutôt.

De même il fit garder la porte du côté de Paris par Florent du Plesséis ; et il en fut ainsi de toutes les issues de la ville.

Alors il marcha en bon ordre droit à la cathédrale. Arrivé au parvis, il descendit de cheval, fit un signe de croix et entra dans l’église. Il alla s’agenouiller sur la dalle devant le crucifix et pria Dieu qu’il lui fît découvrir la cachette du roi.

Un moine, le frère Gautier, en traversant l’église, a reconnu le comte. Il vient à lui et lui met un doigt sur l’épaule. Guillaume se lève, et le regardant fixement :

— Que me veux-tu, frère ? Aie soin de ne pas mentir.

— Vous le saurez bientôt, répondit-il ; car je sais que