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loyal ? Si cela avait dépendu de lui, les traîtres eussent été empêchés de malfaire !

Il fit donner au brave homme dix onces d’or. Puis il continua sa marche.

Bienheureux celui qui a des amis ! Non loin de là ils furent rejoints par sept-vingts chevaliers bien armés et montés sur des chevaux de prix. À leur tête marchaient le marquis Gaudin-le-brun et le preux Savari, tous deux neveux du comte Guillaume. Ils se dirigent vers la France pour aller porter secours au roi Louis. Ils sont tout étonnés de se rencontrer, et après s’être embrassés ils font route ensemble.

Pourvu que le noble abbé qui a entrepris de sauver le prince, puisse le garantir encore quelque temps contre la race du traître Alori, il sera secouru avant que trois jours se passent.

Voilà Guillaume à la tête de douze cents chevaliers. Il leur ordonne de se hâter et de ne point épargner leurs montures : pour un roncin fourbu il rendra un destrier.

— Nous allons couper court à ce méchant débat, dit-il. Je verrai par mes yeux qui est celui qui prétend être roi et justicier de France. Mais par l’apôtre saint Jacques ! tel est en ce moment plein d’orgueil, à qui je mettrai bientôt sur la tête une couronne dont le poids l’étouffera.

Les chevaliers de Rome jurèrent de ne pas faire défaut à un homme de tant de cœur.

Enfin ils arrivèrent à Tours, et le comte prit de sages mesures. Il mit mille chevaliers en embuscade en quatre endroits divers ; tous étaient vêtus de hauberts étincelants ; leurs heaumes brillants étaient lacés sur leurs coiffes et ils avaient leurs épées d’acier fourbi à leurs côtés. Avec eux sont leurs écuyers, portant leurs écus pesants et leurs lances aiguës, qu’ils ne prendront en mains qu’au moment de s’en servir.

Avec le reste de sa troupe Guillaume s’avança jusqu’aux portes de la ville, et s’adressant au portier, lui dit :