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BIOGRAPHIE — TRAVAUX ANTÉRIEURS V

notable1 et assez répandue pour avoir pu entrer dans des recueils de provenance très diverse.

II. ÉDITIONS ET TRAVAUX ANTÉRIEURS. — Guillaume IX est aussi un des poètes provençaux qui ont été le plus souvent cités par les critiques modernes. Les historiens du XVIIe et du XVIIIe siècle qui le rencontrèrent sur leur route furent informés de son talent poétique, mais ils mentionnèrent ses œuvres sans les avoir lues.

Tel est le cas, par exemple, de Besly (1637), qui emprunte manifestement à Guillaume de Malmesbury et Orderic Vital tout ce qu’il sait de Guillaume poète2. Caseneuve, qui affirme avoir « veü sous le nom de comte de Poitiers tout plein de beaux vers dans l’ancien recueil de poésies provençales3», s’était évidemment borné a les « voir », sans aller jusqu’à les lire. Le premier qui parait avoir eu ce courage fut le jurisconsulte toulousain Dadin de Hauteserre, qui inséra deux pièces complètes de Guillaume dans son Histoire d'Aquitaine ; c’est peut-être pour se faire pardonner cette témérité qu’il les traite de « bagatelles puériles et séniles4 ».

Cette conscience ne devait pas se retrouver chez tous les érudits du XVIIIe siècle. Crescimbeni, qui considère Guillaume comme le plus ancien des « verseggiatori », lui attribue (d’après une fausse interprétation du célèbre passage d’Orderic Vital) « il viaggio di Gerusalemme » et des poésies amoureuses5. On comprend que les véné-

1. Sur les pièces perdues, voy. plus loin, p.VIII. 2. Histoire des comtes de Poitou et ducs de Guyenne, Paris, 1647, p. 121. 3. L'Origine des Jeux fleureaux (sic), Toulouse, 1659. p.39. Ce livre avait été écrit longtemps avant sa publication, l’auteur étant mort en 1652. 4. Rerum aquitanicarum libri quinque… a Clodoveo ad Eleēnoram (sic) usque, autore Ant. Dadino Alteserra, antecessore tolosano, Toulouse, 1657. Les deux pièces de Guillaume (XI et V de cette édition) sont aux p. 499 et 501 ; elles sont exactement reproduites (sauf de nombreuses fautes de lecture et quelques lettres omises par pudeur au v. V, 79) d’après le ms. C, qui se trouvait alors à Toulouse ; c’est évidemment à ce manuscrit, le seul connu des érudits méridionaux, que se rapportent les paroles de Caseneuve citées plus haut. S’il publie ces vers, c’est, dit Hauteserre, « in gratiam antiquitatis, quae etiam puerilibus et anilibus nugis gratiam et auctoritatem conciliat » ; il qualifie la pièce V de « amatorium ac perineptum carmen ». 5. Dell' istoria della volgar poesia, éd. de Venise. 1731, I, 6.