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VI GUILLAUME IX

rables Bénédictins qui compilèrent l’Histoire de Languedoc n’aient pas cru devoir lire toutes les poésies de Guillaume ; les quelques lignes qu’ils leur consacrent nous les montrent au reste fort bien informés1 ; ceux de leurs confrères qui rédigèrent le tome XI de l’Histoire littéraire (1759) 2 ne crurent pas devoir faire davantage : ils s’occupent longuement de Guillaume comme personnage historique, mais ne consacrent à « ses écrits » qu’une page, empruntée tout entière à Crescimbeni et à D. Vaissete ; les renseignements donnés par ce dernier sont au reste reproduits assez inexactement 3 .

Les articles de Millot et Papon, fondés l’un et l’autre sur l’étude directe des textes 4, sont également agréables et intelligents, le premier plus riche en remarques littéraires, le second en observations historiques qui conservent encore leur intérêt. Quand l’Institut reprit, en 1808, l’œuvre interrompue des Bénédictins, on comprit sans doute qu’une histoire qui s’intitulait « littéraire » devait au plus ancien des poètes lyriques en langue vulgaire mieux que les vingt lignes du tome XI ; Ginguené, qui fut chargé de combler cette lacune, s’acquitta fort mal de sa tâche : il ne fait guère que répéter, en d’autres termes, l’article de Millot, se bornant, en fait d’additions, à citer, en cinq ou six fragments, une vingtaine de vers5.

La publication presque intégrale des textes par Raynouard (1818- 20) et Rochegude (1819) allait enfin permettre à Diez d’écrire un article approfondi, vrai modèle, en sa brièveté, de pénétration et de

1. Hist. de Languedoc, t.II (1733), 247 (éd. Privat, III, 411). Ils avaient lu les deux pièces publiées par Hauteserre, vu nos deux mss. I et E et lu au moins la biographie qui se trouve dans le premier.

2. Réimp. Palme, p. 37-44. Les auteurs sont D. Taillandier, Clémencet et Clément.

3. Ils renvoient bien à un des mss. cités par D. Vaissete (I), mais ils n’avaient certainement pas ouvert ce ms., car ils prétendent que Guillaume y « est placé à la tête de ces poètes [provençaux] et tient le premier rang dans ce recueil » ; or la pièce de Guillaume est à la p. 142.

4. Millot, Histoire littéraire des troubadours (1774), I, 1-17 ; Papon, Histoire générale de Provence, II (1778), p. 422-30. Tous deux ont travaillé sur les copies de Sainte-Palaye ; ils ont ignoré l’un et l’autre nos pièces II et X, dont la première ne se trouve que dans le ms. N (alors à Toulouse, dans la collection Mac-Carthy), la seconde dans ce ms. et dans a.

5. Hist. littéraire, t. XIII (1814), p. 42-7.