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Il va sans dire que les frontières artificielles créées par les gouvernements actuels tomberont devant la Révolution. Les Communes se grouperont librement entre elles suivant leurs intérêts économiques, leurs affinités de langue, leur situation géographique. Et dans certains pays, comme l’Italie ou l’Espagne, trop vastes pour ne former qu’une seule agglomération de Communes, et que la nature elle-même a divisés en plusieurs régions distinctes, il se constituera sans doute, non pas une Fédération unique, mais plusieurs Fédérations de Communes. Ce ne sera pas là une rupture de l’unité, un retour à l’ancien morcellement en petits États politiques isolés et ennemis ; ces diverses Fédérations de Communes, bien que distinctes les unes des autres, ne seront pas isolées : leurs intérêts seront solidaires, elles concluront entr’elles un pacte d’union : et cette union volontaire, fondée sur une utilité réelle, sur une communauté de but et de besoins, sur un échange constant de bons offices, sera bien autrement étroite et solide que l’unité factice de la centralisation politique, établie par la violence et n’ayant d’autre raison d’être que l’exploitation du pays au profit d’une classe privilégiée.

Le pacte d’union ne s’établira pas seulement entre les Fédérations de Communes appartenant à un même pays ; les anciennes frontières politiques étant effacées, toutes les Fédérations de Communes, de proche en proche, entreront dans cette fraternelle alliance, et ainsi se trouvera réalisé, après que les principes de la Révolution auront triomphé dans l’Europe entière, ce grand rêve de la fraternité des peuples qui ne peut s’accomplir que par la Révolution sociale.

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