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une partie de leur temps au travail manuel ; et chaque branche comptera non pas un, mais un aussi grand nombre qu’il se trouvera dans la Commune d’hommes possédant une science et disposés à l’enseigner. En outre, la lecture en commun de bons ouvrages d’enseignement, les discussions dont ces lectures seront suivies, diminueront beaucoup l’importance qu’on attache aujourd’hui à la personnalité du professeur.

En même temps que l’enfant développera son corps et s’appropriera les sciences, il fera son apprentissage comme producteur. Dans le premier degré de l’enseignement, le besoin de réparer ou de modifier le matériel de ses jeux aura initié l’enfant au maniement des principaux outils. Pendant la seconde époque, il visitera les divers ateliers, et bientôt, entraîné par son goût vers l’une ou l’autre branche, il se choisira une ou plusieurs spécialités. Les maîtres d’apprentissage seront les producteurs eux-mêmes ; dans chaque atelier, il y aura des élèves, et une partie du temps de chaque travailleur sera consacrée à leur montrer à travailler. À cette éducation pratique seront jointes quelques leçons théoriques.

De cette manière, à l’âge de seize ou dix-sept ans, le jeune homme aura parcouru tout le cercle des connaissances humaines, et sera en état de poursuivre seul ses études ultérieures, s’il le désire ; il aura en outre appris un métier, et se trouvera dès lors au rang des producteurs utiles, de façon à pouvoir rembourser à la société, par son travail, la dette que son éducation lui aura fait contracter envers elle.[1]

  1. On peut consulter avec fruit, sur cette importante question de l’enseignement un excellent travail publié il y a quelques années sous le titre : De l’enseignement intégral, par Paul Robin.