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des traîtres : car la Révolution n’aura point de gouvernement, la Révolution ne rédigera point de décret.

Dès que le tocsin de la Révolution aura sonné, agissez, comme l’ont fait les paysans français en juillet 1789, sans attendre les ordres de personne. Prenez possession de vos terres, de ces terres que depuis tant de siècles vos ancêtres ont arrosées de leurs sueurs, et une fois que vous les tiendrez, ne les lâchez plus, et faites-vous tuer jusqu’au dernier avant de laisser reprendre par vos exploiteurs ce sol qui est à vous et que la révolution vous restitue.

Ce que nous disons aux paysans, nous le disons également aux ouvriers. La prise de possession immédiate des ateliers, des machines, des matières premières, des immeubles, de tout le capital en un mot, doit être exécutée directement par les travailleurs ; qu’ils n’attendent pas qu’un pouvoir quelconque vienne consacrer leurs droits par des décrets ; qu’ils les affirment eux-mêmes, et sur-le-champ, par des actes.

Ainsi, tandis que la Révolution jacobine tient le peuple en tutelle et substitue à sa volonté celle d’un gouvernement, la révolution telle que nous espérons la voir s’accomplir, n’est autre chose que l’exécution directe des volontés des groupes de travailleurs par les intéressés eux-mêmes.

Prenant pour point de départ le fait révolutionnaire, qui aura remis le capital entre les mains du travail qui l’a produit, nous allons maintenant exposer l’organisation qui, selon nous, doit spontanément éclore de la nécessité même des choses au sein de la société révolutionnée.