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de lourdes hypothèques, la révolution l’émancipera comme elle émancipe le travailleur : plus d’impôts, plus d’hypothèques ; la terre est redevenue libre comme l’homme !

Quant aux terres des bourgeois, des nobles, du clergé, aux terres que le pauvre peuple des campagnes a cultivées jusqu’à ce jour pour ses maîtres, celles-là la révolution les reprend à ceux qui les avaient volées, et elle les rend à leurs propriétaires légitimes, à ceux qui les cultivent.

Comment la révolution fera-t-elle pour enlever la terre à la bourgeoisie, aux exploiteurs, et pour la donner aux paysans ?

Jusqu’à présent, quand les bourgeois faisaient une révolution politique, quand ils exécutaient un de ces mouvements dont le résultat était seulement un changement de maîtres pour le peuple, ils avaient l’habitude de publier des décrets annonçant au pays la volonté du nouveau gouvernement ; le décret était affiché dans les communes, et le préfet, les tribunaux, le maire, les gendarmes, le faisaient exécuter.

La révolution vraiment populaire ne suivra pas cet exemple ; elle ne rédigera pas de décrets, elle ne réclamera pas les services de la police et de l’administration gouvernementale. Ce n’est pas avec des décrets, avec les paroles écrites sur du papier, qu’elle veut émanciper le peuple, mais avec des actes.

Ainsi, paysans, si des gens viennent vous dire :

« Qui vous a permis d’agir ? qui vous a donné le droit de prendre des terres ? attendez le décret du gouvernement révolutionnaire ! »

Regardez ces gens-là comme des imbéciles ou comme