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charme, convainc et le roi et la cour et les prélats chargés de l’interroger. Elle s’écrie enfin que c’est à Orléans qu’elle signalera sa mission divine : Charles répète son cri de guerre ; l’évêque la consacre ; elle ne demande plus pour elle au prêtre que le pain du chrétien, et à son frère Pierre qu’une maison sûre où elle puisse prier et reposer en paix. Un chœur de jeunes filles et de pages chante l’espoir nouveau qui luit à la France.

Au troisième jour, nous sommes dans Orléans, au sein de la guerre : mais Jeanne n’est point changée. Si elle excite l’envie des seigneurs français par ses exploits, elle captive leur affection par sa bonté comme leur vénération par sa candeur. Rien par elle-même, tout par ses voix, elle accable d’ironie et de menaces le héraut anglais qui vient se plaindre de sa présence ; et elle impose ses conseils respectueux aux généraux du roi. Le peuple s’agenouille sur son passage ; elle le fait relever avec douceur : blessée, elle ne dissimule point sa souffrance : mais elle la calme en obtenant de Dunois, sous serment, la liberté des prisonniers anglais qui, dit-elle, « seraient tous égorgés, si nous étions vaincus. » Parmi eux, se trouvent Magistri et Loyseleur, qui tout à l’heure exhalaient leur rage contre elle, Loyseleur avec quelques remords, Magistri avec acharnement. À leur aspect, Jeanne rappelle à Dunois son serment, et lui montre les deux criminels, assassins de son père, le duc d’Orléans. « Justice viendra » ajoute-t-elle : ils fuient plus furieux que jamais. Jeanne retourne au combat, pressée, dit-elle encore, d’utiliser sa courte existence. Le chœur des aïeules et des enfants chante les angoisses de la bataille, et bientôt la victoire : Orléans est délivrée ; le nom de Jeanne est dans toutes les bouches.

Plus de cinq mois et bien des événements séparent la quatrième journée de la précédente ; la scène se passe devant le château fort du Crotoy, appartenant au comte de Luxembourg, allié du duc de Bourgogne et des anglais. Pierre d’Arc nous apprend que sa sœur est enfermée dans ces murs, et qu’il vient avec ses compagnons armés pour la délivrer. La comtesse de Luxembourg, qui a vu Jeanne à Chinon et qui l’aime, avertit Pierre que sa sœur est réclamée par les émissaires