Page:Guettée - La Papauté moderne condamnée par le pape Grégoire le Grand.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

non-seulement aux ouvrages du pape saint Grégoire, mais encore à tous ceux des autres Pères de l’Église. Par ce moyen, ils sont parvenus à tromper un grand nombre de fidèles et même un grand nombre de théologiens sincères ; ces derniers ne pouvaient soupçonner une si étrange mauvaise foi, dans des écrivains qui exaltent à tout propos leur dévouement à la cause de l’Église et de la vérité, et ils ont cru pouvoir citer d’après eux, sans remonter aux sources.

Nous n’avons pas suivi cet exemple ; nous avons consulté saint Grégoire lui-même ; nous avons présenté l’ensemble de sa doctrine sur la papauté ; nous n’avons pas cité quelques lignes, séparées de leur contexte, mais les passages en entier, et nous sommes arrivés à cette conséquence : c’est qu’on ne pouvait attribuer au pape saint Grégoire le Grand le système ultramontain, sans torturer sa pensée, sans lui faire dire ce qu’il n’a pas dit, sans donner à ses paroles un sens forcé, contraire au véritable sens qui était dans l’esprit du vénérable et savant docteur.

Ceux qui ont lu attentivement ce travail, savent ce que saint Grégoire entendait par chaire de saint Pierre, par les titres de premier et de prince des apôtres, qu’il donne à saint Pierre. Mais afin d’entourer sa pensée de plus vives lumières, nous citerons quelques autres textes décisifs et clairs qui détermineront le sens précis de ces expressions dont les ultramontains font un si condamnable abus.

Saint Grégoire, dans son livre sur la Règle pastorale, émet ce principe : que les pasteurs de l’Église ne doivent pas user de leur autorité envers les fidèles irréprochables, mais seulement envers les pécheurs que la douceur n’a pu corriger. Il cite à l’appui de ce principe, l’exemple des apôtres Pierre et Paul : « Pierre, dit-il, le premier pasteur, occupant le principat de la sainte Église, par la volonté de Dieu (auctore Deo), se montra humble envers les fidèles, mais montra combien il avait de puissance au-dessus des autres lorsqu’il punit Ananie et Saphire ; il se souvint qu’il était le plus élevé dans l’Église (summus) lorsqu’il fallut