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mon : Les blessures d’un ami sont meilleures que les baisers d’un ennemi hypocrite. (Proverb. XXVII, 6.)

» Quant à ce que vous me dites au sujet du titre qui m’a scandalisé, que je dois céder, parce que la chose n’a pas d’importance, l’Empereur m’a écrit la même chose. Ce qu’il m’a dit en vertu de son pouvoir, je sais que vous me le dites par attachement. Je ne m’étonne point de trouver dans votre lettre les mêmes expressions que dans celle de l’Empereur, car l’amour et le pouvoir ont entre eux beaucoup de rapports ; tous deux sont au premier rang, et ils parlent toujours avec autorité.

» Lorsque je reçus la lettre synodique de notre frère et co-évêque Cyriaque, je n’ai pas cru devoir différer de lui répondre malgré le titre profane qu’il y prenait, de peur de troubler l’unité de la sainte Église ; j’ai eu soin cependant de lui faire connaître mon avis touchant ce titre superbe et superstitieux ; je lui ai dit qu’il ne pourrait avoir la paix avec nous s’il ne s’abstenait de prendre ce titre d’orgueil qui n’était qu’une invention du Premier Apostat. Vous ne devez pas considérer cette même affaire comme étant sans importance, parce que si nous la tolérons, nous corrompons la foi de toute l’Église. Vous savez combien, non-seulement d’hérétiques, mais d’hérésiarques sont sortis de l’Église de Constantinople. Pour ne rien dire de l’injure qui est faite à votre dignité, on ne peut disconvenir que si un évêque est appelé universel, toute l’Église s’écroule si cet universel tombe. Mais loin de moi de prêter l’oreille à une telle folie, à une telle légèreté ! je mets ma confiance dans le Seigneur tout-puissant qui accomplira cette promesse qu’il a faite : quiconque s’élève sera abaissé. » (Év. Luc, XIV et XVIII, 11.)

On ne pouvait apprécier plus sainement que ne le fait saint Grégoire le Grand les inconvénients graves qui pouvaient résulter pour l’Église d’une autorité centrale qui prétendrait la résumer et la représenter. L’homme quel qu’il soit, et souvent à cause même de la dignité supérieure dont il est revêtu, est sujet à l’erreur ; s’il résume l’Église, l’Église