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sion de scandale, afin que la sainte Église, unie par la confession de la vraie foi, dont les liens sont resserrés par les sentiments réciproques des fidèles, ne souffre aucun dommage des discussions que les prêtres pourraient avoir entre eux. Quant à moi, malgré tout ce que je dis, et dans l’opposition que je fais à certains actes orgueilleux, je conserve, grâce à Dieu, la charité au fond de mon cœur, et, en soutenant au dehors les droits de la justice, je ne repousse pas intérieurement ceux de l’amour et de l’affection.

» Pour vous, payez mes sentiments de retour, et respectez les droits de la paix et de l’affection, afin que, restant unis en esprit, nous ne laissions exister entre nous aucun sujet de division. Nous pourrons plus facilement obtenir la grâce du Seigneur si nous nous présentons devant lui avec des cœurs unis. »



IX



On doit croire que Cyriaque ne se laissa pas toucher par les tendres exhortations de Grégoire. En effet, le grand pape écrivit quelque temps après au patriarche d’Antioche pour lui reprocher amicalement de ne pas attacher assez d’importance à l’usurpation de leur frère de Constantinople. On voit, par cette lettre, que le patriarche d’Antioche craignait de s’attirer la disgrâce de l’empereur s’il se prononçait contre le patriarche de Constantinople. Il écrivit à Grégoire, son ami, une lettre très flatteuse ; « mais, lui répondit le saint pape[1], Votre Sainteté, comme je le vois, a voulu que sa lettre fût semblable à l’abeille qui porte du miel et un aiguillon, afin de me rassasier de miel et de me piquer. Mais j’y ai trouvé une occasion de méditer cette parole de Salo-

  1. Liv. VII. lettre 27.