c’est détruire la dignité de tous les patriarches ; et s’il arrive que celui qui se dit UNIVERSEL tombe dans l’erreur, il n’y a plus aucun évêque qui soit resté ferme dans la vérité.
» Il faut donc que vous conserviez dans leur intégrité les Églises, telles que vous les avez reçues, et que cette tentation d’usurpation diabolique ne trouve chez vous aucun appui. Tenez bon, et soyez tranquilles ; ne donnez et ne recevez jamais d’écrits qui porteraient ce faux titre d’universel ; empêchez tous les évêques qui vous sont soumis de se souiller en adhérant à cet orgueil, et que toute l’Église sache que vous êtes patriarches non-seulement par vos bonnes œuvres, mais encore par une autorité véritable. S’il nous en arrive quelque malheur, nous le supporterons ensemble ; et notre devoir sera de montrer, même par notre mort, que nous n’avons rien qui nous soit cher dès qu’il en résulte du dommage pour l’universalité. Disons avec Paul : « Le Christ est ma vie, et mourir m’est un gain. » (Épît. aux Philipp. I, 21.) » Écoutons ce que le premier de tous les pasteurs a dit : « Si vous souffrez quelque chose pour la justice, vous serez heureux. »
Ces dernières paroles citées par saint Grégoire se trouvent dans l’Évangile de saint Matthieu (V, 10) et y sont prononcées par Jésus-Christ. Elles ont été répétées par saint Pierre, dans sa première Épître (III, 14). On peut donc appliquer soit à Jésus-Christ, soit à saint Pierre, le titre de premier de tous les pasteurs. Nous croyons que, par ce titre, saint Grégoire voulait désigner Jésus-Christ lui-même : mais lorsqu’on soutiendrait qu’il entendait saint Pierre, il ne s’ensuivrait rien en faveur des prétentions papales : car, de ce que saint Pierre a été le premier des apôtres, on ne peut en conclure que les évêques de Rome soient les souverains de l’Église universelle, comme les ultramontains voudraient le faire croire.
Saint Grégoire termine ainsi sa lettre :
« Croyez bien que la dignité que j’ai reçue pour prêcher la vérité, nous l’abandonnerons tranquillement pour cette