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tentions de la papauté moderne, et réduire la vraie papauté à une primauté établie par l’Église ?

Nous remarquons encore que saint Grégoire, en citant l’Épître aux Romains, appelle ces Romains les disciples de saint Paul. Saint Paul n’écrivit son Épître aux chrétiens de Rome que l’an 58 de Jésus-Christ ; il n’y avait alors, à Rome, que peu de chrétiens, qui ne formaient pas d’Église proprement dite, et qui se réunissaient chez l’un d’eux, Aquilas. Ils étaient venus à Rome de divers pays évangélisés par saint Paul, c’est pourquoi saint Grégoire les appelle les disciples de cet apôtre. Ils lui écrivirent pour le prier de venir les visiter et les instruire. Paul leur répondit par son épître, dans laquelle il leur promet d’évangéliser Rome. Il y alla deux ans après. Il y trouva des juifs qui ne connaissaient encore les chrétiens que de nom, qui n’avaient pas encore été, par conséquent, évangélisés par saint Pierre, leur apôtre spécial. Paul forma une Église à Rome, et y mit pour évêque Lin, son disciple, que Tertullien, saint Irénée et Eusèbe comptent comme le premier évêque de Rome.

Que devient, devant ces faits, le prétendu épiscopat de saint Pierre à Rome, sur lequel les ultramontains appuient tous leurs systèmes ? Saint Pierre n’est évidemment venu à Rome que peu de temps avant d’y souffrir le martyre. Ce fut à cause du martyre du premier des apôtres, et non à cause de son épiscopat à Rome, que les conciles, comme ceux de Chalcédoine et de Sardique, par exemple, accordèrent à l’évêque de Rome des priviléges spéciaux.

Aussi saint Grégoire, dans la lettre que nous traduisons, ne cherche-t-il pas à s’attribuer comme étant de succession apostolique par saint Pierre, une autorité qu’il n’avait pas ; il fait même remonter, avec raison, son Église à saint Paul et non à saint Pierre. Donc, s’il appelle dans un autre endroit l’autorité de son prédécesseur, l’autorité de saint Pierre, il n’entend par là que les droits que les évêques de Rome avaient reçus des conciles, de celui de Sardique, en