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dans son orgueil, je vois déjà la route à suivre, car il a dès lors pour adversaire Celui dont il est écrit : Dieu résiste aux superbes, mais il donne sa grâce aux humbles. »



VI



Ces lettres de saint Grégoire sont d’irrécusables monuments, qui attestent que l’Église universelle s’émut, dès qu’elle vit poindre dans son sein la première lueur d’un pouvoir universel résidant en un seul évêque. L’Église entière comprit qu’une telle autorité ne pouvait s’établir sans que l’épiscopat tout entier fût privé de ses droits ; en effet, d’après l’institution divine, le gouvernement de l’Église est conciliaire ; l’autorité ne peut donc résider que dans le corps des pasteurs légitimes, et non dans un pasteur particulier. On ne peut se prononcer pour l’autorité universelle d’un seul sans détruire le principe divin de l’organisation de l’Église.

Cette vérité ressort avec évidence des écrits du pape saint Grégoire le Grand.

Ce pape illustre, après avoir écrit à Jean, patriarche de Constantinople, pour le supplier de ne pas outrager plus longtemps l’épiscopat et l’Église, en s’attribuant le titre d’œcuménique ou universel ; après avoir écrit à l’empereur Maurice pour l’engager à réprimer l’orgueil et l’ambition du patriarche, saint Grégoire, disons nous, s’adressa aux deux autres patriarches de l’Église, ceux d’Alexandrie et d’Antioche. Il leur envoya une lettre commune, que nous allons traduire. Elle prouvera, comme les précédentes, que le pape saint Grégoire le Grand, qui ne mourut qu’au commencement du viie siècle, ignorait la papauté telle qu’on veut nous l’imposer aujourd’hui. Voici cette lettre[1] :

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. V ; lettre 43e (édit. bénéd.)