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pas le droit de juger lui-même cette cause, et qu’il devrait en référer à l’Église ; 4° que le titre d’évêque universel est contraire à la parole de Dieu, orgueilleux, criminel, sot et inepte ; 5° qu’aucun évêque, malgré l’élévation de son rang dans la hiérarchie ecclésiastique, ne peut prétendre à une autorité universelle sans entreprendre sur les droits de l’épiscopat entier ; 6° qu’aucun évêque dans l’Église ne peut se prétendre père de tous les chrétiens sans s’attribuer un titre contraire à l’Évangile, orgueilleux, sot et criminel.

Nous prions les néo-catholiques de réfléchir sérieusement à ces vérités exprimées si clairement dans cette première lettre, et qui apparaîtront avec une nouvelle évidence dans celles qui suivront.

Saint Grégoire avait ménagé Jean de Constantinople, tout en lui disant la vérité sur ses prétentions ambitieuses. Le motif de cette réserve avait été le respect qu’il portait à l’empereur Maurice, que Jean avait gagné à sa cause. Jean avait persuadé à Maurice que, la ville de Constantinople ayant remplacé Rome comme capitale de l’empire, le titre de premier évêque de l’Église lui appartenait, puisque les conciles ne l’avaient accordé à celui de Rome qu’à cause de l’importance de son siége, et uniquement parce que cette ville était la première de l’empire romain. C’était d’après cette prétention qu’il avait usurpé le titre d’œcuménique ou universel. Il avait même engagé Maurice à s’interposer auprès de Grégoire, afin que ce dernier fermât les yeux sur ses prétentions et vécût avec lui en bonne intelligence. Nous trouvons ces détails dans la lettre de saint Grégoire, au diacre Sabinien, qui était alors son agent auprès de l’empereur, et qui fut depuis son successeur sur le siége de Rome. Voici cette lettre[1] :

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. V ; lettre 19e (édit. bénéd.)