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II



« Grégoire à Jean, évêque de Constantinople.


» Votre Fraternité se souvient de la paix et de la concorde dont jouissait l’Église lorsqu’elle fut élevée à la dignité sacerdotale. Je ne comprends donc pas comment elle a osé suivre l’inspiration de l’orgueil, et essayé de prendre un titre qui peut occasionner du scandale dans l’esprit de tous les frères. J’en suis d’autant plus étonné, que je me souviens que vous aviez pris la fuite pour éviter l’épiscopat. Pourtant, vous voulez l’exercer aujourd’hui comme si vous aviez couru au-devant, sous l’empire de désirs ambitieux. Vous qui disiez bien haut que vous étiez indigne de l’épiscopat, vous y avez à peine été élevé que, méprisant vos frères, vous avez ambitionné d’avoir seul le titre d’évêque. Pélage, mon prédécesseur de sainte mémoire, avait adressé à Votre Sainteté des observations fort graves à ce sujet. Il a rejeté, à cause du titre orgueilleux et superbe que vous y avez pris, les actes du synode que vous avez assemblé dans la cause de notre frère et coévêque Grégoire, et il défendit de communiquer avec vous, à l’archidiacre que, selon l’usage, il avait envoyé à la cour de l’empereur. Après la mort de Pélage, ayant été élevé, malgré mon indignité, au gouvernement de l’Église[1], j’ai eu soin d’engager Votre Fraternité, non par écrit mais de vive voix, d’abord par mes envoyés[2], et ensuite par l’entremise de notre commun fils le diacre Sabinien, de renoncer à une telle présomption. J’ai défendu à ce dernier de communiquer avec vous si vous refusiez

  1. Selon saint Grégoire, tout évêque prend part au gouvernement de l’Église, l’autorité résidant dans l’épiscopat.
  2. L’évêque de Rome avait des envoyés à la cour de Constantinople depuis que cette ville était la résidence des empereurs.