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de tous les temps, mais simplement élucider un point de fait dont l’importance peut être mesurée aux 1.300 et quelques Français que sa méconnaissance va maintenir hors de France ou dans les silos néo-calédoniens.


La Commune. — Son nom.


Pas plus que le successeur de M. Thiers, M. de Mac-Mahon, nous n’ignorons pas que dans toutes les dépêches officielles qui, du 18 mars au 31 mai 1871, se sont étalées sur tous les murs des 36.000 communes de France, les communalistes de Paris ont été systématiquement qualifiés de communistes. Pour notre part, le terme de communiste n’a rien en lui-même qui nous effraie. Communiste était Platon dans sa « République », qui vaut bien celle d’aujourd’hui. Communistes, les premières églises chrétiennes, dont le catholicisme qui prétend les continuer n’est que l’exploitation. Communistes, Campanella dans sa Cité du soleil ; Thomas Morus dans son Utopie ; Babeuf et ses « complices » dans le Manifeste et la conjuration des Égaux ; Blanqui dans ses héroïques prises d’armes, et Cabet dans ses généreuses et folles tentatives de rénovation sociale aux déserts transatlantiques. On ne saurait, d’autre part, indiquer aucune société, si individualiste soit-elle, qui ne renferme une certaine somme de communisme, ne fût-ce que les routes, les promenades publiques, les phares, etc.

Mais la vérité est qu’il ne s’agissait pas, en 1871, de communisme, mais de commune — ce qui est bien différent ; et que, linguistiquement parlant, la commune affranchie, libre, maîtresse de ses écoles, de sa police, de son budget, de son armée et de son administration, ne fait, ne peut faire de ses défenseurs — défenseurs à coups de fusil et à coups de bulletin — que des communalistes.