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indiqué à la classe ouvrière son moyen d’affranchissement en installant les travailleurs au pouvoir politique.

Toute la révolution du 18 Mars est dans ce fait : la bourgeoisie, toutes les fractions de la bourgeoisie chassées du gouvernement et le gouvernement pris en main par le prolétariat parisien.

Peu importe l’usage qu’ont pu faire de ce pouvoir, dans des circonstances exceptionnellement difficiles, les travailleurs non préparés, n’ayant encore ni but, ni méthode.

Peu importe qu’imbus des idées bourgeoises sur la propriété, ils aient organisé eux-mêmes leur défaite en « respectant » la Banque de France.

Peu importe qu’égarés par d’autres idées non moins bourgeoises, négligeant le véritable et unique ennemi : le capitalisme, pour un adversaire de fantaisie : le cléricalisme, ils aient pris leurs otages dans les archevêchés et les sacristies, alors qu’ils avaient Rothschild au bout de leur mandat d’amener.

Peu importe qu’ayant à venger leurs assassinés d’avril et de mai, le fusil de leurs représailles se soit trompé de cible, perdant ses balles de désespoir dans la carcasse de « quelques obscurs jésuites », lorsque patrons et financiers traînaient par les rues à la douzaine.

Toutes ces fautes — qui ne se répéteraient plus aujourd’hui — disparaissent devant et dans cet événement qui est un avènement : la classe dépossédée, maîtresse pendant deux mois de l’outil de toutes les transformations sociales, l’État.

C’est cette conquête — malheureusement provisoire — de l’État par les prolétaires de Paris que nous fêtons et que fête aujourd’hui avec nous le prolétariat du monde entier, internationalement d’accord pour placer dans l’expropriation politique de la classe capitaliste le