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C’est cette lacune — dont il serait trop long d’exposer les causes multiples — que je vais essayer de combler, non pas sans doute aussi complètement que le mériterait cette page très consolante de notre histoire révolutionnaire — il faudrait pour cela des volumes — mais suffisamment pour réduire à néant les calomnies intéressées d’après lesquelles l’explosion ouvrière de 1871 n’aurait pas dépassé les fortifications de l’ex-capitale et aurait été désavouée, condamnée par le reste du pays.


I


Ce n’est que le 20, le 21 même dans certains départements, qu’on apprit les événements du 18, c’est-à-dire l’attaque nocturne des canons de Montmartre, la résistance victorieuse de la garde nationale et la retraite à Versailles du gouvernement de MM. Thiers, Jules Favre, Ernest Picard, Jules Simon, etc.

Dans cette dépêche — véritable chef-d’œuvre de mensonge — l’exécution des généraux Clément Thomas et Lecomte qui, outre qu’elle s’expliquait amplement par les antécédents et la conduite présente des « victimes », n’était, en réalité qu’un incident dû à l’exaspération populaire, cette double exécution, dis-je, était présentée comme une mesure réfléchie, ordonnée par le Comité central dont elle inaugurait et caractérisait en même temps l’avènement au pouvoir.

« L’armée de l’ordre », d’autre part, qui n’existait plus que sur le papier, était donnée comme forte de 40.000 hommes et comme en mesure de prendre immédiatement sa revanche d’un échec provisoire. Et malgré cela, sans attendre même d’être renseigné sur les hommes, en majeure partie inconnus, qui siégeaient à l’hôtel de ville, Lyon d’abord, puis successivement Saint-Étienne, Le Creusot, Marseille, Toulouse, Narbonne et Limoges se soulevèrent aux cris de : Vive