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le 29 mars, et jusqu’au 22 mai qu’elle devait tenir sa dernière séance — c’est-à-dire pendant près de deux mois qu’elle a été maîtresse absolue de Paris — on peut mettre au défi le plus éhonté de ses détracteurs d’invoquer contre elle je ne dis pas le moindre meurtre, mais la moindre exécution.

Huit semaines durant, ces communards ou « assassins » ont eu au bout de leurs fusils une population de deux millions d’habitants, dont un quart au moins complices, plus ou moins directs, des « ruraux », et pendant ces huit semaines, pas un seul cheveu n’est tombé de la tête de personne. Que dis-je ? ils ont été jusqu’à pensionner les femmes et les enfants des sergents de ville et des gendarmes qui assassinaient leurs prisonniers.

La Commune, il est vrai, dans sa séance du 5 avril, a voté le décret sur les otages ; mais, lorsque « pour défendre l’honneur et la vie de deux millions d’habitants qui avaient remis entre ses mains le soin de leurs destinées », elle fut amenée à décider que « toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan régulier de la Commune de Paris serait sur-le-champ suivie de l’exécution d’un nombre triple d’otages », a-t-on oublié à quels actes de ses adversaires elle entendait ainsi mettre fin ?

Le 8 avril, après le combat de Châtillon et de Fontenay-aux-Roses — c’est une dépêche de l’état-major prussien aux autorités militaires de Berlin qui l’apprenait à l’Europe — « les prisonniers parisiens avaient été fusilles sur-le-champ ».

Le même jour, à Chatou, où l’on ne s’était pas battu, mais où avaient pénétré quelques gardes nationaux, le général de Galliffet — c’est le Gaulois du 6 qui le rapporte — avait « surpris et passé par les armes un capitaine du 175e bataillon, un sergent et un garde ».