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leur résistance dure trop longtemps, sera-t-on contraint de faire travailler en province ou de se fournir patriotiquement à l’étranger.

Dès lors, on peut se moquer d’une grève qui ne blesse que des milliers de familles ouvrières — sans pain ou réduites au bureau de bienfaisance. On peut cribler de lazzi ces grévistes qui ne sont même pas « bons à mettre au théâtre », comme la très intéressante Mme Hugues. On le peut d’autant plus que, très goûtés du patron, ces lazzi se paient au poids de l’or pour l’instant — jusqu’à ce que nous soyons en mesure de le payer avec du plomb, monsieur le pitre !

(Le Cri du Peuple, 10 mai 1885.)



Un problème.

Ce problème — car c’en est un — marche et parle. Il prend le train pour Épinal et harangue les électeurs de M. Ferry. C’est un homme, en effet, et un député. Il s’appelle, pour tout dire, Camille Dreyfus. M. Dreyfus — qui se comprend peut-être — a admirablement exposé aux travailleurs des Vosges ce que le socialisme crie depuis des années aux travailleurs de partout, à savoir que « l’outillage et les capitaux immenses qu’exige l’industrie moderne rendent l’ouvrier bien plus serf que les serfs d’avant 1789. » Mais ceci lâché — dont nous prenons acte — il s’est hâté de dénier aux victimes du sur-servage d’aujourd’hui le droit de s’affranchir révolutionnaire-