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coupeur ? Ils demandent enfin à gagner, comme les camarades, 9 francs par jour — réduits à 4 francs par les six mois et plus de chômage annuel.

Ne pas mourir de sciatique ou de faim en se tuant à vêtir leurs semblables, telle est, sous des formes diverses, l’unique réclamation des grévistes — lesquels ont derrière eux des milliers de femmes et d’enfants.

Et c’est une pareille grève qui met en verve et fait se tordre de rire le chroniqueur à douze mille francs par année du Temps !

M. Jules Claretie, qui — si nombreux soient les râteliers où il mange — briserait avec le journal assez osé pour lui offrir par semaine ce qu’avec les nouveaux tarifs un ouvrier tailleur ne gagnera pas en trois mois, trouve « quelque chose de comique » aux prétentions des plus misérables — et des plus nécessaires — des travailleurs.

Du haut du « figuier qui servait de magasin de confection au vieil Adam » — quelle nouveauté dans la plaisanterie ! — il raille l’ignorance économique des « giletiers et pantalonniers » qui, « producteurs et consommateurs à la fois », ne s’aperçoivent pas que « pour toucher un salaire plus fort » il leur faudra « payer plus cher » leurs pantalons et leurs gilets. En croyant vous « enrichir » — leur crie-t-il entre deux « sourires » — vous vous appauvrissez en réalité, — le meilleur moyen de vivre à bon marché pour les salariés étant évidemment de ne pas exiger