avec le credo à une âme immatérielle et immortelle, et ce par politique et pour ne pas s’aliéner la caste sacerdotale, devait presque fatalement céder à la tentation de faire sa cour aux classes dirigeantes en s’efforçant de tirer de ses doctrines la justification des inégalités sociales d’aujourd’hui, d’ordre providentiel devenues d’ordre naturel.
Mais tel n’est pas le cas de Hœckel. Dans ses ouvrages précédents, notamment dans son Histoire de la Création naturelle, Hœckel avait fait preuve de trop d’indépendance pour que — avant de l’avoir vu — on ait pu songer à lui attribuer les opinions sottement conservatrices qu’il vient de nous révéler et qui sont loin de lui faire honneur.
Virchow, le progressiste Virchow, qui a voté la loi contre la démocratie socialiste allemande, avait, dans son discours de Munich, accusé le transformisme et particulièrement la théorie de la descendance de fournir une base scientifique au socialisme. Et au lieu de reconnaître ce qui est, c’est-à dire que Virchow avait raison, et de se glorifier d’un pareil résultat, Hœckel a éprouvé le besoin de justifier le transformisme et de le présenter comme le « meilleur contre-poison contre les absurdes utopies socialistes ».
À l’entendre, la nouvelle science, dont il est un des principaux et le plus énergique représentant, loin d’être favorable à l’égalité sociale, en serait la plus complète condamnation.