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prétexte qu’au banquet il n’y a pas de place ou de couvert pour eux. Ils renverseront la table — et les convives avec.

Rien de plus exact. Nous l’avons écrit, non pas une fois, mais vingt : la surproduction de producteurs intellectuels — nécessairement sans emploi — c’est un jour ou l’autre, mais à bref délai et fatalement, la Révolution. Heureusement ! Ceci tuera cela : l’instruction que la bourgeoisie républicaine a été forcée de répandre à pleines mains, et qu’elle n’est pas maîtresse — quoi qu’on en croie — de reprendre, tuera la société bourgeoise.

Il est vrai que, pour nos adversaires économistes et gouvernementaux, il existerait un remède au mal qu’ils reconnaissent après nous, — sans quoi ils eussent gardé de Conrart le silence prudent. C’est une nouvelle direction à imprimer à l’éducation, d’abstraite et de formelle devenant professionnelle et technique.

Au lieu de faire des cerveaux dont nous n’avons pas le placement, faisons des mains — s’écrient-ils — habiles au commerce, à l’industrie, au travail agricole ! est le salut — à les entendre. Mais l’erreur est flagrante, et il ne se passera pas longtemps avant qu’elle éclate à tous les yeux.

Quelque élasticité qu’on leur prête, les différents métiers ne pourront jamais occuper qu’un certain nombre de travailleurs supérieurs : dessinateurs, chimistes, comptables, etc. Et ce nombre est tous les jours réduit par le progrès du machi-