Page:Guesde - En Garde !, 1911.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viste, au Congrès de Bâle, l’Internationale s’est bornée à réclamer pour la collectivité le domaine éminent sur le sol, laissant de côté tout l’outillage industriel et commercial. Ou encore « le peuple posant lui-même en 1848 les bases du communisme libre et anarchiste » avec la formule essentiellement étatiste de Louis Blanc : « de chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins » — besoins et forces évaluées du dehors, par un tiers nécessairement plus autocrate que le czar de toutes les Russies.

Je ne veux m’occuper aujourd’hui que de l’essence même de l’anarchisme qui, pour Kropotkine, consiste dans la décentralisation, je ne dis pas politique, mais économique. Alors que, de moins en moins l’action individuelle suffit et doit faire place dans toutes les branches du labeur humain à l’action sociale, l’anarchisme, tournant le dos à la concentration capitaliste qui s’opère et dont la concentration sociale ne sera que le dernier terme et le correctif en même temps, rêve de « libres individus se mouvant dans de libres groupes, eux-mêmes librement fédérés ». Et, pour prouver qu’il a des yeux pour ne pas voir, Kropotkine invoque à l’appui du devenir de ses théories toute une série de faits qui en sont la négation éclatante.

Il cite les armées modernes — auxquelles il oppose les volontaires d’autrefois. — Mais c’est par des volontaires que débute la défense du territoire ! Et à ce mode anarchique de défense