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Leur tour était venu, puisqu’un des leurs était dans le gouvernement ; et, au cri de : En avant ! ils se sont mis en marche. Mais la suite, la suite de ces espérances sans lendemain, comment l’envisager sans terreur ? (Vifs applaudissements sur un certain nombre de bancs.)

Confiantes dans le fait nouveau, les masses s’étaient dit qu’elles allaient pouvoir passer, elles et leurs revendications, et elles ont trouvé sur leur route la même gendarmerie, la même police, la même magistrature, la même infanterie, la même cavalerie, et elles ont été chargées, et elles ont été dispersées, et elles se sont vu frapper, avec la même rigueur qu’autrefois, par ce qu’on appelle la justice bourgeoise. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Et il se trouverait quelqu’un pour admettre qu’un pareil état de choses, se prolongeant, ne serait pas la faillite, non plus provisoire, mais définitive du socialisme !

Mais qu’est-ce donc que le socialisme ? Qu’a-t-il donc dit partout et toujours au prolétariat ? Il lui a dit : Organise-toi, transporte tes antagonismes de classes du terrain économique, où ils se perpètrent contre toi, sur le terrain politique, où ils peuvent seuls aboutir ; empare-toi du pouvoir, deviens le maître de l’État. Alors, au lieu de subir la loi capitaliste, tu feras la loi socialiste ; alors la propriété patronale, qui n’existe que parce qu’elle a pour la maintenir toutes les forces répressives de l’État, cette propriété capitaliste