Page:Guesde - En Garde !, 1911.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendent pas, même dans la limite d’un vote de la Chambre, abandonner la moindre parcelle de la puissance patronale. (Applaudissements.)

Et pourtant, en la circonstance, le péril eût été nul pour la classe possédante, puisque, même composé en totalité d’élus du prolétariat, le Conseil supérieur du travail, qui n’existe qu’à titre consultatif, n’eût jamais pu prévaloir contre le bon plaisir ministériel.

À plus forte raison, s’il s’agissait d’une véritable réforme, personne, ni Viviani, ni Jaurès, ni aucun de ceux qui ont essayé, dans une intention à laquelle je rends hommage, de défendre la présence de Millerand au gouvernement, ne saurait nier que cette réforme trouvera en travers d’elle, pour l’empêcher de passer, le ministère tout entier, moins la voix isolée et inutile du ministre socialiste, criant dans le désert capitaliste. (Nouveaux applaudissements sur certains bancs.) Cette impuissance en haut — et c’est là le plus grave — se double d’espérances en bas… Ah ! oui, quand on a appris qu’un socialiste arrivait au pouvoir, — et Lafargue l’a constaté, et Jaurès a eu raison de citer la phrase de Lafargue, — ça été d’un bout à l’autre du monde ouvrier une clameur de joie. N’était-ce pas l’aurore d’un jour meilleur ? Oui, on a repris confiance, et les travailleurs se sont levés, ils sont sortis de leur sépulcre du Creusot, ils ont dans l’Est rompu le cordon sanitaire qui les tenait enfermés, ne laissant pénétrer jusqu’à eux ni l’idée socialiste, ni l’idée syndicale.