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pas, je n’ai jamais mis en doute la bonne volonté, les intentions réformatrices du socialiste qui a accepté un portefeuille dans un ministère de la bourgeoisie. Réduite à une question de personne, la question n’aurait pas de raison d’être, et nous pouvons d’autant plus la dépersonnaliser que nous nous trouvons devant un homme que, loin d’accuser, je tiens pour une victime de la nouvelle méthode. (Mouvement.)

Mais plus je dépersonnalise la méthode, plus j’ai le droit de lui demander ce qu’elle apporte, ce qu’elle a la prétention d’apporter de force nouvelle au Parti socialiste. Eh bien, ce qui ressort tout d’abord d’une expérience de quelques mois et ce que personne ne peut contester, c’est l’impuissance absolue d’un socialiste égaré dans une majorité ministérielle bourgeoise. Il est, dans tout ce qui constitue le but du parti et de la classe qu’il représente, annulé, lui, l’homme de la transformation sociale, par la majorité de ses collègues qui sont, eux, nécessairement et obligatoirement, les hommes de la conservation sociale. Les quelques réformes qu’il peut aborder, les seules qu’il puisse réaliser par décret, ne sont même pas des miettes de réformes. En voulez-vous un exemple, les faits étant les seuls arguments que je veuille employer pour déterminer vos convictions ? Cette année, au mois de janvier, le camarade Krauss, député socialiste de Lyon, a repris une proposition que, pendant cinq années, je n’ai cessé de déposer lorsque venait en