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rades… et en protestant, j’avais à remplir un devoir : c’était d’oublier tout ce qui a pu nous séparer dans le passé pour ne retenir que ce qui nous avait réunis à notre point de départ, lorsque du Congrès de Marseille nous nous sommes tous mis en marche ; et je répète qu’aucun d’entre nous alors n’aurait admis la possibilité d’un partage du gouvernement central entre les deux classes nécessairement ennemies, et je mets au défi un militant des vingt dernières années de me donner un démenti ! (Applaudissements, bruits divers.)

Mais ce n’est pas seulement le passé des différentes fractions organisées du prolétariat français qui réclame contre la voie ministérielle dans laquelle on prétend engager le socialisme, c’est encore le présent des partis socialistes du monde entier, qui ont été consultés par voie de journal relativement à ce que les uns ont appelé l’événement le plus révolutionnaire du siècle et à ce que les autres ont considéré comme la déviation la plus mortelle ; et cette consultation internationale a donné la même réponse négative : on ne peut pas, dans une société basée sur l’antagonisme des classes, réunir dans un gouvernement chargé d’appliquer la loi, c’est-à-dire de faire respecter la légalité de la classe capitaliste et dominante, on ne peut pas réunir les deux classes. Elles ne sauraient se confondre dans leur expression politique, tant qu’elles seront divisées mortellement sur le terrain économique.