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capital socialisé, une partie seulement des besoins de tous peut être satisfaite, comment reconnaître à chacun le droit de consommer selon ses besoins par lui-même constatés ? Comment ne pas limiter, ne pas rationner cette consommation individuelle ?

Combien la formule collectiviste — si provisoire doive-t-elle être — est supérieure à tous les points de vue !

Dans le domaine de la production, c’est l’ensemble des besoins de tous, statistiquement fixé, qui détermine, en même temps que la totalité des efforts humains nécessaires, la part de chacun dans ces efforts. S’il faut, dans l’état de l’outillage social, 90 millions d’heures de travail par jour pour loger, habiller, nourrir, chausser, la totalité des hommes, femmes et enfants, il suffira de diviser entre les membres valides de la collectivité cette somme d’heures de travail pour avoir la mesure du travail obligatoire pour chacun.

Plus la machine universalisée et perfectionnée réduira l’effort humain indispensable, et moins l’homme, chaque homme, aura à travailler, quelles que puissent être ses forces, dont il utilisera le surplus disponible pour son plaisir.

Cette égalité dans le temps de travail, plus ou moins productif selon les forces de chacun, empêchera les plus forts de bénéficier de leur plus-force, et les plus faibles de souffrir de leur plus-faiblesse ; car, dans la répartition des produits, ce n’est pas la productivité individuelle — d’ailleurs impossible à établir — qui servira de mètre,