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fera extérieurement, par un métreur étranger : — et c’est l’arbitraire ; — ou il se fera intérieurement ; c’est chacun qui déterminera l’état de ses forces, ce qu’il devra donner à la production : — et c’est une prime à la paresse ; et demain, c’est-à-dire au lendemain de la Révolution qui les dépossédera de leur oisiveté capitaliste, il n’est pas un seul bourgeois qui, déshabitué comme il l’est de tout travail, ne se fasse entretenir par les ouvriers vainqueurs en invoquant son incapacité musculaire ou cérébrale.

« De chacun selon ses forces », cela veut encore dire que si je puis produire dix, je dois produire dix, que si je suis capable de douze heures de travail, il me faudra travailler douze heures. Mais pourquoi, à quel titre, dans quel but, si la satisfaction des besoins de la collectivité tout entière peut être obtenue au prix minimum de cinq ou six heures de travail pour chacun, devrais-je dépenser toutes mes forces ? L’idéal n’est pas, ne doit pas être, d’extraire de l’homme le maximum d’efforts, mais bien au contraire de restreindre ces efforts et de lui laisser pour sa jouissance personnelle la plus libre disposition de ses forces ou facultés.

La deuxième partie de la formule : « à chacun selon ses besoins », n’est ni plus égalitaire, ni plus socialiste. Si les objets nécessaires à la vie existent en quantité suffisante, pourquoi en limiter l’usage à des besoins déterminés du dehors ? Et si, au contraire, malgré l’extra-productivité du