Page:Guesde - En Garde !, 1911.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mai 71. Des socialistes du Parti ouvrier, sans que l’on puisse s’expliquer comment et pourquoi, l’ont repris à leur compte et l’apposent comme un pas en avant à la formule collectiviste : « De chacun selon les nécessités de la production, à chacun selon son temps de travail. »

D’autres vont plus loin encore et en font un idéal, le dernier mot de la justice productive et distributive.

En notre double qualité de communiste — comme but — et de collectiviste — comme moyen — c’est avec la plus grande peine que nous assistons à la résurrection d’une formule qui, sous une apparence progressive, cache une véritable rétrogradation.

Ceux qui l’ont de nouveau arborée ont sans doute obéi à une préoccupation de solidarité et d’égalité vraie. Ce qu’ils lui demandent c’est d’empêcher, comme ils le disent, que « les êtres humains ne souffrent ou ne bénéficient des aléas de l’hérédité physiologique », ou, en d’autres termes, que, ceux qui, physiologiquement, peuvent plus, produisent plus sans recevoir plus et que ceux qui, physiologiquement, peuvent moins, produisent moins sans recevoir moins. Ce n’est donc pas les intentions que j’incrimine. Je ne m’en prends — comme toujours — qu’à la conclusion, qui n’est pas seulement fausse, mais pleine de péril.

« De chacun selon ses forces ». Mais qui mesurera les forces de chacun ? Ou le jaugeage se