Page:Guernes de Pont-Sainte-Maxence - La Vie de Saint Thomas le martyr, Celestin Hippeau, 1859.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II
INTRODUCTION.

présenté à l’archevêque de Canterbury, Thibaut, qui fit de lui son archidiacre, et l’introduisit auprès du roi d’Angleterre, Henri II. Ce prince le prit tellement en affection, qu’il lui conféra la dignité de chancelier, et fit de Thomas, après lui, le personnage le plus considérable de son royaume. Dans ce poste éminent, Thomas Becket, partageant tous les plaisirs du souverain, brilla, dans une cour livrée à la licence et au désordre, par son luxe et sa magnificence, sur les champs de bataille par son courage, et dans les missions diplomatiques qui lui furent confiées par son habileté et son énergie.

Le siége archiépiscopal étant devenu vacant, Henri II, déjà disposé depuis longtemps à enlever au clergé les prérogatives qui tenaient en échec la royauté, pour laquelle il rêvait le pouvoir absolu, fit élever son favori à la dignité de primat d’Angleterre, croyant trouver en lui un serviteur complaisant et docile.

On sait combien il fut trompé dans ses calculs. Le chancelier avait prévu que son élévation au siége archiépiscopal amènerait forcément une rupture entre lui et le prince, dont il connaissait les intentions. Il refusa donc des fonctions qui semblaient s’accorder si peu avec la vie dissipée qu’il avait menée jusqu’alors. Il accepta enfin, après une résistance plus ou moins sincère ; mais il n’eut pas plus tôt pris en main sa croix d’archevêque, qu’il s’en servit comme d’une arme toute puissante pour défendre le clergé contre la volonté qui