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— Par ma toute-puissanee, au nom du Saint Concile,
Arius est coupable et mauvais. Je l’exile.
Que, chassé par les vents et vomi par les mers.
Il soit errant dans l’ombre et seul dans l’univers ;
Et que, si, transgressant l’édit formel et l’ordre,
Comme un chien plein de rage et toujours prêt à mordre,
Il s’aventure et rôde autour du saint Bercail,
Il traîne un corps séché comme un épouvantail,
Et que chacun, sujet de l’Empire ou barbare,
Le tue avec l’épieu, l’abatte à coups de barre
Et, présentant sa tête aux Comtes aumôniers,
Sur le Sacré Trésor reçoive vingt deniers ! —

Et les bras élevés comme autrefois Moïse,
Les Évêques, hérauts de l’immortelle Église,
Ont en un chœur suprême uni leurs trois cents voix :

— Par le Père et le Fils éternel, par la Croix,
Anathème à celui qui blasphème et renie
La vérité divine et la gloire infinie !
Que, retranché vivant du sein des nations
Et voué pour jamais aux exécrations,
Il roule avec Coré, Dathan, Judas, Pila te,
Dans l’ombre extérieure et la nuit scélérate !
Anathème ! Que mort, abject, loin des tombeaux,
Son corps soit le dégoût et l’effroi des corbeaux ;
Que son âme fétide, aux vains remords en proie,
Dans le Lac flamboyant brûle, sombre et tournoie
Et qu’il s’engouffre, impie et toujours tourmenté,