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Qu’une porte qui cède au flanc d’un mur qui tombe,
Une lueur filtrant dans une catacombe,
Une ombre qui s’éclaire, une aurore qui luit.
Chercher, douter, nier, c’est dissiper la nuit.
L’âme religieuse a des profondeurs vagues
Où le songeur entend mugir de sombres vagues ;
Elles s’amassent, vont, se brisent, et leur choc
Ébranle incessamment l’indestructible Roc.
N’arrêtez point les flots, Vieillards ! Coupez la digue.
Si l’immortel Vaisseau lutte, roule et fatigue,
Livrez la voile pleine à l’ouragan des cieux.

Pontifes, croire est bien ; sages, savoir est mieux.
Or, comme enseveli dans l’étude et l’extase,
Et du Père et du Fils méditant l’hypostase,
J’ai vu dans le Ciel morne, ouvert par le milieu,
Flamboyer l’Unité, seule éternelle, Dieu.
Et les tribus du ciel, Anges, Saints et Prophètes,
Etant tristes, voilaient leurs faces stupéfaites
Et tressaillaient d’angoisse et pleuraient sourdement.
Et j’entendis alors errer au firmament
De lamentables voix se répondant entre elles :
— Le torrent déchaîné des humaines querelles
Déborde et rejaillit aux pieds du Tout-Puissant.
Et voici que l’azur regarde en frémissant
L’homme, en un rêve altier, vêtir la créature
De l’unique, immuable et divine Nature.
Le Christ est Dieu ! Le Fils à son père est égal
Et la Divinité s’obscurcit d’un rival !
O souffles