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Alors baisant la croix et l’évangéliaire,
Prenant Dieu pour témoin, Christ pour auxiliaire,
L’Empereur très-pieux se lève et parle ainsi :

— Vénérables, salut ! Vous tous, venus ici
Au jour que j’attendais comme on attend l’aurore,
Vous qu’un zèle étranger imprudemment dévore,
Et vous qui sans faiblir, fidèles et soumis,
Paissez, loin des renards et des loups ennemis,
Le troupeau catholique à l’ombre de l’Empire,
Salut ! L’orgueil vous ronge et la discorde est pire
Dans les cœurs révoltés que dans les camps anciens.
Mensonges, dogmes faux, chacun nourrit les siens ;
Le blasphème, Terreur et la haine jalouse
Ont déchiré le sein de la divine Épouse
Et le manteau royal de la sainte Unité
N’est plus qu’un haillon vil au vent impur jeté.
L’Église du Sauveur saigne de vos disputes,
Évêques ! J’ai compté les lambeaux que vous pûtes
Arracher en dix ans à son corps douloureux :
Sièges épiscopaux se condamnant entre eux,
Alexandrie, hélas ! luttant contre Antioche,
Le mal contagieux gagnant de proche en proche,
L’impunité vendue à chaque carrefour,
Les mystères souillés et niés au grand jour
Et, grâce à vous, bourreaux de l’Église en détresse,
Le paganisme heureux qui ricane et vous presse !
Vous êtes sans pitié, farouches, et je crois
Que la guerre où jadis j’ai vaincu par la Croix