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Jardins où sous les pins palpite encore et flotte
L’âme du grand Platon, comme un souille embaumé,
Lycée, où s’épanchait des lèvres d’Aristote
L’hymne de la Nature et du monde animé !

Toi, dont Tritogénie est l’immortelle hôtesse,
Ville où, dans la splendeur d’un déclin radieux,
Proklos, le dernier-né des fils de la Sagesse.
D’un culte universel adora tous les Dieux,

Athènes ! ô patrie ! adieu, ciel des ancêtres,
Ciel qui ne luiras plus sur l’exil et la nuit !
La vision des temps monte au cœur des vieux Maîtres ;
Le passé glorieux les console et les suit.

Qu’importent le présent, plein de deuils et d’alarmes,
Et l’avenir plus sombre et les siècles obscurs,
Si les Dieux, embaumés dans l’angoisse et les larmes,
Ressuscitent un jour, plus divins et plus purs,

Alors que, lasse enfin d’une attente illusoire,
Déposant le fardeau du songe oriental,
Lasse des maux soufferts, l’âme reviendra boire
L’ivresse primitive au bord du flot natal ;

Alors qu’au Dieu mortel de la triste Judée,
Préférant les Dieux nés de l’esprit et des cieux,
Elle reconnaîtra dans l’éternelle Idée
L’étincelant soleil qui baigna les aïeux ?