Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée
32
LES SIÈCLES MORTS

Et la haute clarté, plus limpide au sommet,
Subtile, inextinguible et mouvante traînée
De fulgurations et d’éclairs sillonnée,
D’astres incandescents gonflait ses flots vermeils
Et s’épanouissait en gerbes de soleils.
Et face à face, au bord illuminé des rampes,
Des Anges attentifs haussaient de grandes lampes
Que des étoiles d’or teignaient d’un feu changeant,
Et des parfums flottaient au cœur des lys d’argent
Et de mystiques fleurs fleurissaient dans les coupes.

Et des palmes en main, par lumineuses troupes,
Les blancs ressuscites gravissaient l’escalier.
Et je les vis se suivre et se multiplier,
Tels que ces longs essaims dont le vol s’accélère,
S’enivre et tourbillonne en un rayon solaire.
Et tous, graves et doux, sereins, les yeux ravis,
Avec le Roi Jésus montaient au saint Parvis
Et, s’élevant toujours dans la gloire et la joie,
Atteignaient la hauteur éternelle où flamboie
L’Arche mystérieuse au fond du ciel chrétien.

Et tout s’évanouit et je ne vis plus rien
Qu’une brume dorée, ardente, impénétrable,
Temple de l’Infini, rempart de l’Adorable,
Où rayonnait, unique en sa triple clarté,
L’auguste, indivisible et sainte Trinité.