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es forêts,
Sont moins bien défendus que vos légers attraits.
Mais Eutharik, habile à des combats plus graves,
Hella, fleur de Byzance, a vaincu tes esclaves.
Eutharik devant toi prosterne un front guerrier
Que le joug et la peur n’ont jamais fait plier.


HELLA.

Salut, ô Chef ! Un Dieu sourit à ta jeunesse.
Entre et parle à voix haute afin que je connaisse
Sous quels cieux ignorés a fleuri ton destin.


EUTHARIK.

Que de guerriers sont morts depuis qu’au jour lointain
Le Tanaïs profond a de son flot rapide
Lavé le dernier-né de la tribu Gépide !
J’ai grandi. Les marais, les sommets nuageux,
Les forêts tour à tour ont vu mes âpres jeux,
Quand, seul parmi les joncs, au temps des hautes crues,
Mes traits dans le ciel noir perçaient les lentes grues,
Et quand, aux flancs des monts taillant des échelons,
De l’aire aux bords sanglants j’arrachais les aiglons.
Forêts, où, sur la neige et le sol blanc de givre,
J’aimais, en me courbant, de l’aube au soir à suivre,
Pas à pas, en silence, ému, de roc en roc
Le renne au front armé, le grand cerf ou l’auroch,
Je vous revois ! Ici, contre les parois plates
Des cavernes, l’ours brun se dressait sur ses pattes
Et gigantesque, horrible et bavant, l’œ