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Une âpre voix courut et s’enfla peu à peu,
Lamentable aux Gentils et douce aux fils de Dieu,
Que les flots apaisés écoutaient, que des anges,
Bienheureux messagers, répétaient aux Phalanges,
Qui, triomphalement vaguant du sud au nord,
Proclama par trois fois : — Pan, le grand Pan est mort ! —

Bénissons le sommeil et la grâce inconnue,
Frères ! puisque la voix est jusqu’ici venue
Et que le bon message est si tôt apporté
Par le songe nocturne à mon humilité,
Et que, dès le réveil, un ange me révèle
La vérité certaine et la gloire nouvelle.
Béni le Seigneur Christ qui fonde et qui détruit,
Béni dans le matin, dans le jour et la nuit,
Béni lorsqu’il détient, béni lorsqu’il relaxe,
Béni dans l’oraison secrète ou la synaxe !

— Amen ! Alléluia ! — dirent les moines. Tel
Que le vent des forêts, du portail à l’autel
Un chant mystique emplit l’église. Avec l’aurore,
Sous le plafond doré monta l’hymne sonore,
Grave, victorieuse, éclatante et par bonds
Aux versets du Psalmode alternant les répons.
Redressant devant tous sa stature hautaine,
Sarapamôn revêt la chasuble de laine
Et, de diacres blancs et de prêtres suivi,
Foule le sanctuaire aux yeux humains ravi,
Quand, troublant tout à coup l’ordre du sacrifice,