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précédés d’un cortège d’eunuques, de patrices barbares, de fonctionnaires hiérarchisés, de cochers de cirque, de moines sordides et de somptueux évêques, n’apparaissent plus dans une farouche apothéose que des spectres d’Empereurs, affublés des noms de la Divinité !

Justinien réveille un instant l’Empire de sa torpeur et lui restitue comme un dernier reflet de sa vieille gloire ; Théodora en ressuscite toutes les hontes et le couple tragique s’évanouit dans une splendeur à la fois barbare et chrétienne.

Les suprêmes vestiges du Polythéisme s’effaçaient. Athènes sera muette désormais et les sept derniers sages exilés, lorsqu’ils reviendront mourir sur la terre sacrée, n’y retrouveront même plus la poussière des Dieux.

L’agonie se prolongera. L’ombre sera profonde, silencieuse, universelle. Mais bientôt le Croissant montera dans le ciel nocturne et fera pâlir la lumière de la Croix. L’Islam, conquérant et féroce, épouvante et soumet l’Orient ; l’Occident s’effondre dans la nuit du Moyen-Age.


, s’arrête l’œuvre du Poète. Quels sont cependant les véritables siècles morts, sinon les huit siècles qui vont suivre, morts pour la pensée humaine, morts pour l’art et pour la Beauté ?

Le poète a voulu clore son livre par un dernier poème qui en résume la philosophie. Dépassant les siècles, évoquant le monde agonisant et glacé, il a vu surgir des décombres l’Homme brisé, vaincu, mais immortel, dupe des Dieux illusoires qu’il a conçus, mais se redressant contre eux comme