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Temples, berceaux divins, terre que féconda
Le sang de Thihamthi, répandu sur la grève,
Rempart où la vigueur des Mâles résida !

Colosses écroulés comme un arbre sans sève,
Pyramides et Tours, jardins, palais, je vois
Monter la nuit du crime et le matin du glaive.

Gémissez et pleurez, femmes ! du haut des toits,
Sur moi, sur Babilou, vomissez l’anathème !
Poussez vos hurlements vers vos enfants en croix !

Sous vos cheveux épars, souillés de cendre blême,
Ainsi que des hiboux aux seuils de vos maisons,
Jetez le cri funèbre et le sanglot suprême !

Malheur ! Malheur ! L’éclair onduleux des tisons
M’enveloppe et la flamme inextinguible gagne
Par bonds précipités les bords des horizons.

Je meurs ! Derniers Esprits dont le vol m’accompagne,
Emportez-moi dans l’ombre avec les Dieux vaincus,
Vers le Nord solitaire où surgit la Montagne !

Et là, veillant ma chair en proie aux becs aigus,
Ombrageant mon tombeau de vos ailes nocturnes,
Effacez de mes yeux les jours que j’ai vécus ! —

Tel Mardouk a crié sous les cieux taciturnes.