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La malédiction rugit ; la mort te cerne ;
Écoute la parole, ô Roi Bel-sar-onsour !
Car le sang comme un flot déborde la citerne.

J’ai retiré de toi mon glaive et mon amour ;
Et voici qu’à ton mur tu vois en traits de flamme
Les trois mots incompris flamboyer tour à tour.

Et toi, qui viens t’offrir au lit qui te réclame,
Épouse de Mardouk, debout ! Rouvre tes yeux !
Mon sceptre sur ton front s’abaisse. Écoute, ô femme !

Vainement tu tendras, sur tes tapis soyeux
Et les peaux de lions de la couche mystique,
Tes lèvres et ton corps vers le baiser des Dieux.

En vain jusqu’au matin la Pyramide antique
Pour la dernière fois entendra retentir
Comme un râle altéré ton sanglot fatidique.

O Vierge Khaldéenne, avant de s’engloutir
Avec son temple en feu sous l’amas des murailles,
Mardouk entre tes seins ne viendra plus dormir.

Je n’engendrerai point au fond de tes entrailles
Le Vengeur impuissant, le Fils de ma fureur,
L’Enfant mystérieux promis aux funérailles.