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or, que le soleil éclaire,
Comme un flambeau sacré, du matin jusqu’au soir.

Car selon l’ancien rite et l’ordre séculaire,
Elle est orientée aux quatre vents du ciel,
Sur le bloc ignoré de sa pierre angulaire.

Sept temples, enfermant la cellule et l’autel,
Etagent leurs gradins de la base à la cime
Où sept Dieux ont fixé leur séjour immortel.

Les portes sont de cèdre et de pin maritime ;
Et jamais rien d’impur n’a profané le seuil
De la chambre où Mardouk goûte une paix sublime.

Or ce soir, morne et plein d’amertume et de deuil,
Sur sa couche d’argent le Dieu rêve et s’irrite,
Et l’angoisse prochaine a passé dans son œil.

Le déluge des temps roule et se précipite,
Entraînant avec lui vers l’abîme inconnu
Sa tiare éphémère et sa splendeur proscrite.

Sa corne est sans éclat et le jour est venu,
Puisque au mois annoncé on a voilé sa face,
D’être comme un captif méconnaissable et nu.