Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée


Sous un soleil aigu dont nulle ombre n’apaise
L’irritante chaleur et l’éclat aveuglant,
Comme un métal fondu qui sort de la fournaise,
Flambe au long des parois l’émail jaune et brûlant.

Šamaš éblouissant baigne les toits splendides,
Les cent portes d’airain et les triples remparts,
Et fait irradier en haut des Pyramides
Les simulacres d’or dans la lumière épars.

Le grand temple, séjour de Mardouk, où repose
L’antique souvenir, cher au cœur de Babel,
Érige dans l’azur ses murs de brique rose
Et son dôme de cuivre et son faîte immortel.

Gloire de Borsippa, la Tour à sept étages,
— Chacun selon son Dieu sept fois peint et doré, —
Sanctuaire éternel et Maison des Présages,
Découpe son profil sur l’horizon pourpré.

Et partout, revêtus de flamboyantes lames,
Les édifices neufs, de gradins en gradins,
Précipitent des flots de rayons et de flammes
Dans les grands réservoirs striés d’éclairs soudains.

Et Toi, d’un geste immense enfermant les murailles
Et la foule innombrable et le Fleuve et la Tour,
Tu souris gravement, te lèves et tressailles,
Tel qu’un lion s’étire en rugissant d’amour.