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Les perles de la mer et les gemmes étranges
Brillent sur sa tiare en cercle radieux ;
Sur ses sandales d’or sa robe à larges franges,
Deux fois teinte, retombe et traîne en plis soyeux.

Miçraïm a serti l’amulette d’ivoire
Et la pierre d’azur qui pend à ses colliers.
Ses cheveux sont frisés ; sa barbe épaisse et noire
Roule sur sa poitrine en anneaux réguliers.

Et voici que, tenant le sceptre à longue hampe,
En silence il s’assied sous le haut parasol,
Sans voir, poussière vague et muette qui rampe,
Les Mages et les Chefs prosternés sur le sol.

Car là-bas, sous les cieux inaltérés et calmes,
Il regarde onduler, comme un tapis vermeil
Que moire par endroits l’ombre éparse des palmes,
Les moissons du Schinar dans l’orgueil du soleil.

Au loin, s’illuminant de longs reflets de cuivre,
Dort un marais rempli de vastes nénuphars,
Où viennent se baigner et boire et se poursuivre
Les onagres rétifs aux traits doubles des chars.

Coupant avec lenteur la plaine immense et blonde,
Au milieu des canaux, œuvres des anciens rois,
Le Perath nourricier pousse son eau féconde
Vers la Ville Royale, entre les quais étroits.