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Et Nabou, protecteur de ma tête royale,
Et Zarpanit, ma Dame, et Nisrouk et Dagan
Que berce dans ses flots la Mer Primordiale,
Et Bin dévastateur, Seigneur de l’ouragan ?

Dieux ingrats ! Ma vengeance abattra les coupoles
De vos temples dans Mas, dans Ourouk et Nipour ;
Et l’or dont ma splendeur a vêtu vos idoles,
Le fondeur de Thoubal le fondra dans son four.

Je briserai l’autel aux degrés métalliques
Où l’encens fume et monte en nuages légers,
Et ferai, sur les monts, dresser des pieux phalliques
Devant les Baalim et les Dieux étrangers.

Iahvé, mon captif, me relève et me sauve ;
Il sort de sa Maison et me prend en pitié !
Non ! L’Élohim est sourd et cruel. Comme un fauve,
Je m’enfonce au désert, par mes fils oublié.

L’abîme sablonneux déborde et précipite
Sa houle amoncelée et ses replis de feu.
La poussière embrasée en tournoyant crépite
Sous l’éclat ruisselant du ciel obscur et bleu.

L’implacable soleil, qui brûle mes paupières,
Dessèche l’herbe rousse et les buissons rampants
Et fait étinceler sur le sable et les pierres
Les dos noirs et marbrés de monstrueux serpents.