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Tout se tait. A l’odeur des cavales farouches.
On n’entend plus hennir les étalons cabrés ;
Seuls les lions captifs, irrités par les mouches,
Rugissent sourdement dans les enclos sacrés.

Dans le palais muet, nul esclave n’effleure
D’un pied furtif et prompt la splendeur du pavé.
Mardouk et les grands Dieux veillent sur la demeure
De la Royauté sainte et du Trône élevé.

Les chanteuses d’Êlam ont laissé les sambuques
Silencieuses pendre aux deux battants d’airain,
Tandis que, balançant des palmes, les eunuques
Abaissent derrière eux les peaux de veau marin.

Car le Roi de Babel, superbe et plein de gloire,
Nabou-koudour-ousour, serviteur de ses Dieux,
Sur sa couche de cèdre aux pieds d’or et d’ivoire,
A reposé son front auguste et clos ses yeux.

Il est le Fils de Bel, et Mardouk le protège.
C’est lui qui rebâtit la Tour et répara
Le Temple de Larsam et la Demeure où siège
La splendeur de Šamaš, au cœur de Sippara.

Il a percé Moab de ses flèches aiguës,
Et, liant par le cou leurs princes à son char,
De sa lance poussé les nations vaincues
Comme un morne bétail vers le sol de Šchinar.